Plafonds, cloisons et autres bricolages…

« Non ça jamais, je ne ferai jamais plus de 100 bornes d’une traite. C’est ma limite, mon seuil raisonnable ». Voilà ce que Jean-Pierre Vozel entendait au fond de la forêt de Bouconne lors de nos sorties longues début 2005. On préparait alors notre périple « 340km & Fanette », une jolie virée courue en six étapes. Jamais plus de 100 bornes…
Lui, ça devait le faire rire. « Mais si, tu verras, tu y viendras bien. Je te sens fait pour cela. » Lui avait trainé ses runnings un peu partout autour du globe : plusieurs Spartathlon, pas mal de Marathon des Sables,  une tentative sur la Badwater et j’en passe. Alors je rêvais en l’écoutant.
Pour tout dire, j’imaginais mal comment loger des préparations forcément solides dans le quotidien familial, professionnel, social.  Surtout si je voulais être performant.  
La Badwater alors déjà me fascinait. Les paysages, les images, ce rêve qu’elle suscite. Pas pour moi, jamais plus de 100 bornes.
Et puis en ami 2007, Nathalie et moi parcourons en voiture le parcours de la Badwater. Mon plafond explose. Oublié celui des 100 bornes. Au dessus de ma tête, un ciel infini. Un espace peuplé de rêves…
Commence alors une longue quête de ce graal. Trois années de préparation, des espaces qui s’ouvrent partout et surtout un formidable partage de l’aventure autour de nous. L’aventure que nous allons y vivre en 2010 me transforme, m’apaise, abat les dernières cloisons. Cette Badwater accompagne désormais mon quotidien. Si j’ai pu faire cela, je saurai bien me mobiliser pour le reste, le moins fun, le plus âpre. Même si cela ne fait pas tout, ça change les choses et la façon de les aborder. Les cloisons s’ouvrent tant, que le quotidien guide aussi mes foulées me rappelant qu’avant d’être coureur, je suis aussi un Homme dans toutes ses forces, faiblesses et autres lâchetés.  Une telle aventure vous change mais ne vous lave pas de tout.  Simplement vous le savez.  
 Je me plais alors à  parler de ces petits bricolages pour les rêves. Avant la Badwater, je visite des classes de collège leur parlant de tout cela, de cette quête, de ce graal. Je leur dis de se lancer, de ne pas attendre, de s’entourer de gens qu’on aime et de partager ces aventures qu’elles soient musicales, culturelles, associatives ou sans but dessiné.  Lorsque les collégiens ont expliqué que dans mon aventure je n’avais que du rêve et du plaisir à gagner, je me suis dit que je leur avais peut être montré comment bricoler portes, cloisons et plafonds.
Pour la première fois de ma vie, j’étais heureux en bricolage…