Colomiers 2024, 200 kilomètres en 24 heures
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- Créé le mercredi 28 février 2024 12:35
- Écrit par Vincent Toumazou
En franchissant la barre symbolique des 200km lors des 24 heures de Capitany, j’ai ressenti un sentiment de plénitude et d’accomplissement m’envahir. Cela faisait 12 ans que je n’avais pas réalisé cela et j’avais même pensé ne plus en être jamais capable. Pensez, à 56 ans, cette perspective devenait inaccessible…
Mais voilà, après avoir longuement et méticuleusement couché sur le papier d’un livre ce que la course offre de merveilleux, j’ai pu l’appliquer scrupuleusement à ma préparation et à cette course. La préparation sur 3 mois est restée raisonnable, compatible des autres versants de mon quotidien. Tout au plus ai-je été attentif aux étirements et au renforcement. Plus la course approchait et plus l’envie de courir se faisait présente, voire pressante.
J’ai donc abordé cette épreuve comme je le conseille, à l’écoute de mes sensations, en prenant le soin de marcher 50 secondes à chaque tour du circuit de 1124m. Et c’est ce que j’ai fait, 24 heures durant, non-stop. Corps, cœur et esprit ne faisant qu’un, j’ai tenté de prendre plaisir à chacune de mes foulées. Je n’avais qu’un objectif, rester sur la piste, en mouvement. Entouré pour l’assistance de membres du groupe de course que j’anime (dont mon épouse, Nathalie), j’ai occulté le froid, la lassitude passagère à la 15ieme heure et bataillé toute la nuit pour ne pas lâcher le moindre mètre qui pouvait me mener à cette distance magique des 200km. Petit bonus, je monte sur le podium devancé par des (bien) plus jeunes que moi.
J’ai à présent de nombreuses images en tête de ce double tour d’horloge à courir. Des échanges avec mes compagnons de course, des bribes de conversation, des instants à se comprendre sans avoir à se parler. Vivre de telles parenthèses reste un cadeau que je sais précieux. Les tracas de la vie, en formation serrée ces derniers mois, savent le rappeler.
Plusieurs choses au-delà du résultat me comblent. Il n’est point besoin de s’astreindre à une discipline de fer toute l’année durant. Pas non plus besoin de suivre les plans d’un coach. Je n’ai fait qu’écouter mes sensations, équilibrer cette pratique avec toutes les choses qui m’animent. Je fais une seule voire deux courses par an, donc quand j’y suis, c’est totalement engagé dans l’aventure. Pas moyen de se dire ‘’j’arrête, je remets ça dans XX semaines’’.
Pour la diététique en course ? Des bananes, des figues, de la soupe, du miel, du sirop de menthe… Par contre, j’étais clair sur ma quête, sur ce qui me poussait. Les gens que j’aime, Nathalie, nos filles, mes proches, mes amis. Les choses, les valeurs auxquelles je suis attaché, le contact, le partage, la vie.
Bien sûr, cet épisode va éclairer pour quelques temps mon quotidien. Dans mon travail au CNES, dans mes engagements (le groupe de course, la réserve citoyenne de l’Armée de l'Air et de L'Espace…) parce que la constance, le plaisir à faire les choses me rendent chaque jour plus heureux.
Courir simplement reste vraiment le fil rouge de mon existence…